(lena), la nuit, l'ennui.

rosenback, radiguet
la nuit, l'ennui nuit.

première soirée aux hamptons. Chéri commençait une nouvelle vie, c'est ce qu'il essayait de se répéter. il n'y croyait pas beaucoup. au mieux, ce serait une sorte de retraite qui durerait quelques mois. il ne savait vraiment pas ce qui lui avait pris pour croire qu'il pourrait s'installer aux hamptons. autant la maison de famille lui plaisait, surtout que cette fois il l'avait enfin pour lui-même. mais qu'est-ce que le paysage et les gens étaient barbants. ils n'avaient pas la moindre classe, ils étaient dégoûtants. il avait croisé un jeune homme qui marchait pieds nus en pleine rue. et il n'était même pas ivre. c'était tout simplement grotesque.

et lui, il se sentait tout simplement perdu. seul et perdu. il ne savait pas quoi faire. il ne connaissait personne, il ne connaissait pas les lieux. et son instinct lui conseillait de rester dans ce pub, miraculeusement propre, et de boire jusqu'à être totalement désinhibé. peut-être qu'une fois ivre, il trouverait la force de s'approcher de quelqu'un. c'est dans cette optique, dans ce maigre espoir, qu'il commanda un troisième whisky.

excusez-moi, il se passe quoi... exactement ? pourquoi est-ce qu'il y a autant de monde ? et pourquoi est-ce qu'il porte tous des vêtements de baseball ? ils sont fous ?

naïvement, il avait accosté la première blonde qu'il avait croisé. en vérité, il l'avait accosté parce qu'elle semblait être la seule personne saine d'esprit dans ce trou paumé. évidement, il aurait du se douter que tous les autres étaient là pour voir le match. mais rien d'autre ne l'intéressait que ses propres petits problèmes.

~ it’s a funny way to make ends meet
when the lights are out on every street
+ @gossip (heavy cross)

Depuis quelques temps, un seul mot revenait souvent, beaucoup trop souvent à la bouche de la jeune fille, sortir. Le beau temps commençait peu à peu à remontrer son nez de lui-même, ce qui impliquait qu'elle ressortait son vieux vélo, grimpait sur la selle et pédalait jusqu'au centre-ville. Le bonheur de habiter en campagne. Elle voulait chaque jour faire quelque chose de nouveau. Mais le nouveau se résumait trop souvent à se retrouver à la bibliothèque ou à la librairie du coin. Les livres n'étaient certes pas toute sa vie mais ils y participaient grandement. Pourtant sociable, elle avait toujours connu la lecture comme hobbies, passe-temps, que c'en était presque devenu une passion. Ce n'avait jamais été le genre à se plonger la tête dans un livre plutôt que de rejoindre un ami, mais ils l'aidaient à s'épanouir. Un peu comme la musique pour un musicien, malgré qu'il fasse ça toute sa vie, il ne cesse d'apprécier le moment lorsqu'il touche son instrument pour en sortir quelques notes.

Ce matin, le soleil s'était montré un peu timide mais il avait éclaté en début d'après-midi. Ni une, ni deux, elle ne s'était pas faite priée pour prendre la route jusqu'en ville, fermant le centre équestre pour l'après-midi. Elle prit alors la petite route à travers les sous-bois et s'arrêta devant le petit bar de Bridgehampton. Il était déjà plein, les gens aux couleurs de l'équipe de New York, Lena se fit un passage à travers toutes ces personnes et s'installa à une table vernie, un livre prêt d'elle et bientôt une limonade bien fraîche. Le match de baseball n'était pas encore commencé, que quelqu'un s'approcha d'elle. « Excusez-moi, il se passe quoi... exactement ? Pourquoi est-ce qu'il y a autant de monde ? Et pourquoi est-ce qu'il porte tous des vêtements de baseball ? Ils sont fous ? » La jeune fille ne put s'empêcher de lâcher un rire cristallin avant de relever la tête. Elle était sûre d'avoir déjà vu cette tête, mais avec sa mémoire, impossible de se rappeler. Néanmoins, elle resta posée. « C'est vexant, je pensais pas être aussi vieille que ça. Quoi qu'il en soit, il faut vraiment descendre d'une autre planète pour ne pas comprendre ce qui se passe. » La jolie blonde fit apparaître alors un large sourire, avant de s'enfiler une gorgée et d'ouvrir son livre à la page marquée.